Doctorats « Architectures Prospectives » à la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de Mons

Directeur de thèses : Jean MAGERAND

Ces quelques lignes ont vocation à préciser, aux futurs doctorants, des pistes de recherche susceptibles d’être approfondies au sein de celle filière doctorante. Cette dernière est fondée sur un axe belgo-coréen liant la Faculté d’architecture et d’urbanisme de l’Université de Mons et la Faculté d’architecture de la Yeungnam University à Daegu en Corée du sud.


Institué au sein de la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de Mons, le Doctorat « Architectures et Prospectives » focalise la production de connaissances autour des pratiques, des théories, des méthodes, des « oeuvres », des processus, des dispositifs ou des appareillages qui peuvent être associés d’une manière ou d’une autre, d’une part à l’aménagement des territoires et d’autre part aux nouveaux outils. Ces outils récents (techniques, méthodiques, conceptuels) s’entendent au sens large mais appartiennent en priorité à des domaines ou à des corpus récemment générés, directement ou indirectement, par les Sciences de l’information et de la communication et/ou mis en évidence par les Sciences de la complexité. Là, le numérique opère comme un des langages communs.
Les domaines de recherche privilégiés sont l’Architecture, l’Urbanisme et le Paysage. Cependant, L’Agriculture, la Sociologie, la Géographie, l’Ecologie, la Biologie ou l’Art, font aussi référence à l’espace et aux territoires ; ces domaines seront donc des « lieux » d’interférence privilégiés avec les problématiques doctorales d’« Architectures Prospectives ». L’observation de ces « domaines-apparentés » pourra alimenter les « thèses prospectives » du fait même qu’ils ont déjà induit des mutations organisationnelles dans certains domaines et du fait qu’ils sont susceptibles de créer, de féconder ou d’alimenter, à terme, des mutations dans les champs de la construction et de l’aménagement.
L’Histoire pourra également être une porte d’entrée pour ces thèses puisqu’elle se penche sur les prospectives élaborées à différentes époques. Les recherches s’attacheront à produire de la connaissance sur les mécanismes d’évolution des modes d’organisation artefactuels dans le temps ; étant entendu que les démarches de projet font partie de ces modes d’organisation. En particulier, des comparaisons judicieuses entre aujourd’hui et des périodes clés de l’histoire pourront permettre de mieux évaluer la place et le rôle des méthodes numériques dans l’évolution des procédés conceptuels contemporains. A ce titre, les recherches historiques sur les transferts organisationnels entre les sciences et les techniques d’une part et les domaines ayant trait à l’invention, la création ou la conception d’autre part, seront les bienvenues.
Dans ce cadre-ci, et pour ce qui concerne notre période contemporaine, les thèses développées se pencheront prioritairement sur la manière dont tous ces savoirs, collatéraux à l’Architecture, mutent sous la pression des nouveaux univers méthodiques liés à la « nébuleuse-numérique ». Les doctorats contribueront à une meilleure connaissance des mécanismes qui président à ces mutations. Les thèses pourront également positionner leurs recherches directement dans les champs de l’Architecture dite virtuelle ou numérique, celle ayant déjà engagé une évolution identifiable, en relation avec les nouveaux outils (Bubble architecture?). Ils pourront également étudier des phénomènes situés à l’articulation de deux ou plusieurs disciplines et, là, mettre en évidence la nature, les agissements et les propriétés de nouveaux « principes actifs » liés aux nouveaux outils méthodiques (informatiques, mathématiques, robotique etc).
Les « Doctorats Prospectives » pourront donc produire de la connaissance à l’articulation de deux ou plusieurs spécificités qui sont par exemple : la production/conception (inventions artefactuelles, démarches projétuelles, sciences de l’ingénieur), les inventions conceptuelles (arts, poésies mathématiques ou philosophies numériques) les domaines-associés traitant implicitement ou non de l’espace territorial (Agriculture, Géographie, Ecologie paramétrées) ou des organisations humaines (Sociologie et Anthropologie algoritmiques). Les nouvelles techniques (Informatique, Robotique, domotique), les nouveaux univers méthodiques (numérique, modélisation, datas, statistiques, paramétrages, algorithmes), les nouvelles approches scientifiques (Science de l’information et de la communication), les nouvelles pensées paradigmatisées (sciences de la complexité) seront également des objets d’étude ou d’expérimentation.
Là encore, l’observation de l’un ou de plusieurs de ces savoirs doit pouvoir s’accompagner d’une démonstration explicite de leur apport avéré ou potentiel et/ou de leur applicabilité aux « domaines de la conception et/ou de la réalisation et/ou de la gestion des Aménagements », entendus au sens large du terme.
Avant leur accréditation, les sujets d’étude, ou les corpus devront être clairement établis. Les thèses tendront à diriger l’observation vers des phénomènes qui ont déjà été expérimentés ailleurs ou qui, par analogie, semblent a priori être utilisables sinon repérables dans les « domaines de l’Architecture ».
L’émergence d’un commun dénominateur « méthodico-informatique » entre tous les domaines est devenu une évidence pour de nombreux scientifiques. Dans les thèses « Prospectives », l’observation savante des propriétés de ce langage commun, pourra également être au centre des préoccupations des hypothèses et des problématiques de recherches portant sur les discours, les débats, les méthodes ou les projets analysés.
Si les « approches high-tech » sont implicitement inhérentes à ces thèses, les approches dites « low-tech » peuvent tout à fait entrer dans les champs d’investigation des doctorants. Elles sont en effet implicitement des recherches prospectives du fait qu’elle sont susceptibles de fournir des pistes nouvelles et, en outre, de s’hybrider avec les techniques les plus pointues. Les phénomènes de mutation par hybridation inter-domaines pourront également être objets d’études.
Il s’agit donc, pour chaque doctorant, de rassembler autour du champ de l’Architecture et de la Ville des connaissances disciplinaires ou interdisciplinaires ayant déjà muté ou étant en cours de mutation, sous la pression de nouvelles approches techniques, scientifiques, philosophiques ou artistiques. Ces connaissances seront confrontées aux différents aspects des pensées et des « actions architecturales ».
Une attention particulière sera apportée à la manière dont fonctionnent les mécanismes de transfert d’un domaine à l’autre, en matière de nouveaux savoirs et savoirs-faire.
Il s’agit in fine de mieux connaître les nouveaux modes d’analyses mis au point dans les domaines de pointe. Il s’agit également de recenser et d’observer méthodiquement les nouvelles manières de concevoir et de projeter, d’en extraire les principes actifs innovant et de les comparer aux « démarches de projet » traditionnelles. Nouvelles méthodes analytiques et nouvelles méthodes de conception peuvent donc s’inviter au « programme » des Doctorats.
Si les thèses doctorales en « Architectures prospectives » doivent privilégier l’observation académique de phénomènes émergents, il est vivement conseillé aux doctorants de développer en annexe un volet « recherche expérimentale » qui permettra de mieux confronter ces nouvelles connaissances aux démarches projétuelles. Ces expérimentations devront tester les connaissances produites dans les thèses. Elle seront accompagnées d’un discours critique permettant de comprendre la manière dont elles peuvent être « ré-initialisées », « ré-activées » dans les domaines de l’Architecture après avoir été «extraites » d’autres savoirs.
L’hypothèse générale du Doctorat « Architectures et Prospectives » adhère au postulat qu’une « Nouvelle modernité » est à l’approche, qu’elle est en cours de cristallisation, qu’elle est dispersée dans une multitudes de savoirs et de savoir-faire issus de mutations domaniales. Il s’agit, par l’addition de différentes thèses complémentaires de la mettre en lumière et de chercher les voies qui permettront, le cas échéant, de la rendre opératoire dans les domaines de l’Architecture.
De par la nature même des investigations à caractère interdisciplinaires que suppose ces recherches, les doctorants sont invités à se rapprocher d’autres doctorants dans les disciplines ou les domaines suggérés ci-dessus.

Jean Magerand,
à Paris le 30 Septembre 2013
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